Il est 8h23 lorsque je te réponds que la chanson que tu m’as envoyée à 0h07, tandis que déjà je dormais, est magnifique. Je te remercie. Toi non plus, un peu plus tôt, la veille peut-être, tu ne la connaissais pas. Tu avais été happé par le moment où elle chante “I love you, hate you, love you, hate you.” L’avais-tu d’abord écoutée à plusieurs reprises, comme moi au réveil, subjugué par la voix, la mélodie, les mots ? Imaginais-tu qu’on pouvait ainsi aimer et le clamer dans une chanson ? Avais-tu tout de suite pensé à moi en l’entendant ? Jamais nous ne nous sommes aimés ni haï, peut-être qu’en d’autres circonstances géographiques, sans océan entre nous nous nous serions aimés ; j’aurais plongé dans tes yeux bleus, ta fragilité, ces chansons que nous partageons, ton sens de l’humour et ton esprit brillant. Je suis toujours surpris que tu m’écrives encore, je suis encore charmé de ces heures avec toi au milieu du mois d’octobre 2018 : tu es un souvenir de vin médiocre, de verre d’eau renversé et d’œuf bénédicte. Tu es le souvenir d’une liberté prise sur un emploi du temps matinal ; il faisait si beau.
Récemment tu m’as envoyé des photos de toi, tu laisses tes cheveux pousser, et ce garçon qui t’aime, il les aime ainsi, je crois. Tu es de ceux dont la présence, je sais, me serait heureuse ici, une amitié douce et chantante, j’en suis sûr. Pourtant mon anglais imparfait souvent me retient de t’appeler. Alors sans doute te raconterais-je ces tourments dont on fait des chansons.