Lundi 31 mai 2021

Nous revoilà. Au bout de la rue, tu m’attends, tes yeux sourient, les miens s’étonnent peut-être d’être, malgré tout, content de te retrouver. Le manque ne me rongeait plus, pourtant. Elles sont multiples, les raisons qui m’ont fait accepter. Parmi elles, une forme d’abnégation. Parmi elles, ce besoin de savoir si ce serait ainsi que j’irais vers la paix.

Oh qu’il faut ensuite marcher pour trouver une table, c’est à croire que le mot foule ne suffit plus. Il y a des foules. Il est déjà trop tard, 18h30 passées.

Ensemble, ainsi, il faut trouver les mots, le moment pour les dire, bien sûr il y a encore tes projets, tu n’en fais pas beaucoup état. Tu glisses des dates tandis que nous marchons masqués ; l’une d’elle tu la bredouilles presque et je n’y réponds pas. Ce n’est qu’installés, miraculeusement assis à une table que tu avais réussi à libérer dans ce français roulant qu’avec moi tu n’utilises jamais, que parfois, ta douloureuse beauté viendra me frapper. Derrière toi le soleil passera un long instant.

Je t’ai manqué ? Vois-tu, il fallait bien que toi aussi tu souffres un peu, à supposer que la lutte soit égale. Tu sais qu’elle ne l’est pas, d’ailleurs tu le dis, tu n’y étais pour rien. Je ne suis pas d’accord, mais je ne dis rien. Je ne te demande pas non plus ce que tu aurais dit si j’avais disparu.