Tu pourrais être une expérience ou quelque chose qui y ressemble, puisque je continue d’affronter ce que tu es, ce que tu vis et ce que tu dis. Avant-hier déjà, aujourd’hui encore, les soirées nous unissent. Peut-être que je cherche en toi cette forme de solitude que tu as, c’est-à-dire celle que vous formez à deux, quelque chose qui m’accompagnerait autrement, qui me rassurerait peut-être. Sûrement que j’aime que tu veuilles me voir, même si, tu sais, cette langue parfois m’abîme. Peut-être qu’il y a dans ta beauté quelque chose qui, malgré tout, est exaltant, comment on regarde un paysage qui n’est pas à soi.
J’avais – j’ai toujours – pour idée d’un travail sur les territoires aperçus, ceux qu’on a simplement traversés, survolés, qui sont autant de petits mondes que l’on croit connaître. Tu pourrais être l’un de cela, dans des sortes de métaphores qui s’interpénètreraient ou se croiseraient, je ne sais pas exactement, c’est un peu confus, mais puisqu’il y a des corps que je photographie comme des paysages et puisqu’il y a tout ce qui restera toujours trop loin de nous et qu’on ne fera que frôler des yeux, des lèvres ou des doigts, tu serais quelque part, comme un arbre dressé au milieu d’un champ. Parfois tu me sembles perdu. Alors, peut-être, je me sens quelque part.