Je ne sais pas quelles photos pourraient naître du thème imposé par le rdv photo de l’école : le coin. Ça ne vient pas. L’exercice m’intéresse, il est à rebours de mon travail, mais non, rien, rien depuis 13 jours, rien de mieux que ces quatre images sélectionnées, faites sur place. Alors j’écris des petites phrases, des petits riens, comme des petites musiques, un peu vite fait ; il est tard.
En prévision du lendemain, je ne pense pas alors à chercher la citation, MA référence, de la juxtaposition de textes et d’images, écrite page 378 de La Photo, inéluctablement, recueil posé juste derrière moi, seul livre de la bibliothèque dont la couverture regarde la pièce et dont tout visiteur peut donc lire le titre sans pencher légèrement la tête. Hervé Guibert, en 1982, a en effet écrit, à propos de Suite Vénitienne, de Sophie Calle :
“Le texte, qui est le journal de la quête photographique, ne se soumet pas aux images et les contredit à peine. Ce n’est qu’un morne jeu de réflexions qui confronte des photos plates à un texte banal, et pourtant l’alliage des deux fiascos est fascinant, haletant, que se passe-t-il donc ?”
Lorsque j’avais découvert cette phrase, j’avais dû pousser un “C’est génial !” tellement j’étais heureux de découvrir ce que Guibert (que j’idolâtre) avait écrit à propos de Sophie Calle (que j’idolâtre) et de surcroît au sujet de ça, donc, cette idée de coller des images et des textes. En écrivant, ce 22 octobre, ces petites phrases, ce regard de Guibert sur Calle est quelque part dans ma tête car il est toujours quelque part, dans un coin.
Mais peut-être me manque-t-il Venise.