Lundi 1er novembre 2021

J’ai rencontré mon père dans un hôtel à Strasbourg, que je ne saurais pas situer. L’immeuble faisait environ quatre étages. Devant, il y avait quelques places de parking. On entrait par une porte vitrée. La réception se trouvait sur la gauche. Il y avait un ascenseur au fond. Un escalier en bois avec un tapis qui parcourait les marches, et assourdissait les pas. La façade était plutôt moderne. La pierre, blanche. Il y avait des bas-reliefs de forme géométrique. Je crois. C’était pendant les vacances d’été. J’avais treize ans. Je venais de finir ma cinquième. Ma mère avait eu l’idée d’un voyage dans l’est de la France. On a quitté Châteauroux au début du mois d’août. On s’est arrêtées à Reims, à Nancy et à Toul. On est arrivées à Strasbourg un jour de semaine, en fin de matinée.
::: Christine Angot ; Le Voyage dans l’est

Il est 20h07. E signale, sur le groupe de discussion “Les garçons”, qu’il y a Mort à Venise qui passe sur Arte. Il ajoute deux smileys, dont l’un rit au éclats en s’adressant à J et moi, souvenir de cette séance de cinéma, peut-être la première où nous étions allés ensemble voir un film.
A 20h08, je réponds que je vais sûrement au ciné, voir Julie (en 12 chapitres) mais je suis encore un peu hésitant. Cela fait plusieurs fois que je reporte le moment d’y aller alors que je meurs d’envie de le voir, sans savoir du tout de quoi ça parle, juste parce que c’est un film de Joachim Trier, réalisateur du superbe Oslo 31 août, et que cela me suffit.
A 20h34 je me décide pour la séance de 20h45, sans attendre G à qui j’avais parlé de mon envie d’y aller et qui à 18h27 m’avait écrit “je tousse je tousse” ce qui – du moins le supposé-je -, le rendait inapte aux séances de ciné.
A 20h43, alors que je m’apprête à mettre mon téléphone en mode avion, G m’envoie un message dans lequel il me demande quand on va au cinéma, voire Pleasure ou bien ce film dont je lui ai parlé. Je lui dit que j’y suis, justement, je me sens un peu bête mais je sais que G ne se vexera pas. Il répond “Ah bien. Cool”.
A 20h52, je sais déjà que je vais aimer ce film.
Je n’ai pas noté les heures auxquelles j’ai ri et pleuré, ni l’heure à laquelle je suis sorti, mais à 23h11 j’écris à Gilles : “Très bon film”.
A 23h37 ou 52 ou quelque part dans ces eaux-là, je lis le premier chapitre du livre de Christine Angot que j’ai décidé d’emporter à Hendaye. A la fin du chapitre, je conclue que ç’aura été une très bonne journée, et pas seulement en raison de l’achat d’un nouveau sac à dos en remplacement de celui acheté alors que je vivais avec Fabio – puisque c’est ainsi que je l’appelais alors sur ce journal, et dans la vie aussi peut-être parfois, mai j’ai un peu oublié -, juste avant de partir en croisière sur le Nil il me semble, donc en janvier 2003.