Nous revoilà ensemble dans une quête de vêtements entamée la veille de mes premiers symptômes. Cette fois-ci, les losanges multicolores offrent quelques ristournes intéressantes à qui veut en profiter, et non pas aux clients déjà encartés dans quelque fichier stocké on ne sait où. Ton corps s’impose ainsi, notamment sa partie haute dans tout ce qu’elle a de plus colossale voire bestiale lorsque tu essayes un blouson ou, bien plus encore, ces tee-shirts pour lesquels tu choisiras un M indécent et ce jaune que j’aime tant et qui, sur ta peau, offre une autre adéquation que sur la mienne. Nous voyant ainsi ensemble, se souvenant peut-être de nous, quelques vendeurs – la clientèle se fait rare – doivent me trouver chanceux. L’un, agenouillé, épinglera le bas d’un jean dont les 1 ou 2% d’élasthanne m’agaceront et me feront économiser une somme déjà dépensée dans un superbe polo Fred Perry – nommer une marque me fait tout de suite penser à Brett Easton Ellis – qui probablement, comme ses congénères dans mes tiroirs, durera douze ou quinze ans, peut-être plus, allez savoir, polo qui me fera apercevoir mon buste dans le miroir de la cabine d’essayage et une grimace sur mon visage : je ne suis point colossal.