Il y a soudain cet improbable message que tu m’envoies, cette improbable légèreté de l’être qui s’en suit, mêlée de curiosité, d’appréhension. Tu viens en Europe, alors il suffit d’un détour.
Nous allons nous voir, presque deux années après ce premier message, le 10 avril 2020, suite à ta demande comme ami que j’avais acceptée sur le réseau social bleu. J’avais demandé “Hi. Why ?” auquel tu avais répondu “Why not” et nous avions été, ensuite, une compagnie virtuelle, l’un pour l’autre, dans tout l’épuisement que cela comporte et avec, à l’horizon, tout l’épuisement vers quoi cela, sans le sucre, le sel ou d’autres grains de folie, mène.
Nous aurions dû nous voir, vingt-quatre heures à peine, à Londres, l’été dernier. J’avais gardé un peu d’amertume que tu aies annulé, j’avais compris, mais nous avions manqué quelque chose. Au fond de moi, je crois que j’étais surtout déçu de ne pas avoir fait ce truc assez fou, qui dans ma tête était devenu un projet photo dans le huis-clos d’une chambre d’hôtel londonienne aux papiers peints fleuris.
Nous allons nous voir et je ne sais pas ce que j’attends de cette rencontre, puisque entre nous il n’y a pas qu’un continent à traverser, il y a un monde voire plusieurs. Je ne sais pas ce que j’attends en dehors de ta photogénie qui crève depuis deux années le petit écran de mon ordinateur ou de mon téléphone. Je pense aux images que je ferai de toi.