Lundi 28 mars 2022

Nous nous disons un au-revoir qui n’a pas beaucoup de réalité, sinon celui, peut-être, d’une curiosité qui me poussera jusqu’à ton pays de sable, de pétrole et de soleil. Hier, tu me disais les températures extrêmes qui ne t’effrayaient plus. Hier tu parlais de l’Australie qui t’attend, de la Californie qui ne te verra pas cette année, de quel autre continent encore ? Tu n’as dans les yeux que des rêves de voyage, tu n’as à l’esprit que les images que tu partageras, tu n’as de lendemain que des espaces gourmands. Tu repars avec ta joie de vivre soulignée sans cesse de ton sourire éclatant, me laissant, là, sur le quai du tram, avec ce quelque chose de bien plus terne que toi. Je sais qu’au fond de toi – nous avons, hier, un peu parlé de ton père – il y a autre chose que ce que tu montres. Je suis sûr qu’il y a une richesse – j’en connais une partie, c’est ce cœur qui s’exprime, cette générosité, cet amour pour les autres – qui dépasserait cette éternelle jeunesse. Mais n’est-ce pas là ton trésor, cet esprit enfantin ? Un trésor qui noircit lorsque tu me regardes, comme hier, en fixant l’objectif. Avant que nous ne riions.