Le premier janvier 1981, vers midi, je m’éveille avec une gueule de bois carabinée dans une chambre que je ne connais pas. Contre moi est allongée une jeune femme brune que je ne connais pas davantage. Désireux de ne pas briser l’enchantement, je me blottis contre son dos et me rendors jusqu’à ce qu’elle m’arrache à mon deuxième sommeil en m’apportant un bol de café et une tartine. Une belle plante, indéniablement, vêtue maintenant d’une culotte et d’un ample tee-shirt en coton sur lequel est écritTake it easy. Les seins qui ballent derrière ce message donnent envie de le traduire trop littéralement, mais, de toute évidence, ma chance est passée. La fille s’appelle Ariana, et parle français avec un ravissant accent italien. Il se confirme que nous avons passé la fin de la nuit ensemble dans cet appartement que lui prête une amie lyonnaise. Tandis que me reviennent en mémoire les fragments d’une scène de gymnastique rythmique sexuelle assez fastidieuse, elle me confirme que nous avons essayé de faire quelque chose qui s’apparente à l’amour. D’après elle, je me suis montré opiniâtre et vaillant, mais hélas trop ivre pour conclure. Elle ne s’en formalise pas, mais en revanche il faut maintenant que je m’en aille vite car elle doit prendre un train pour Paris à quinze heures et il lui reste mille choses à faire d’ici là. Petit à petit, se reconstitue le puzzle du réveillon à Charbonnières, chez des amis d’Antoine où cette Ariana est arrivée avec un petit groupe sur le coup de minuit. Il me semble que nous avons longtemps discuté ensemble – mais de quoi, au juste ?
::: Emmanuel Venet ; Virgile s’en fout
Oh bien sûr tu sais que j’ai pu attendre cela de nous, marcher ainsi, ou bien t’attendre là, comme ce soir.