Et puis soudain, ils sont là, attablés. C’est Prudence que je reconnais, avec hésitation tout de même : il manque les perruques, le contexte, les strass. C’est peut-être plutôt lui qui me reconnait, il me sourit, me salue, un signe de la main. Je m’approche, ils me remercient, disent que les photos sont superbes. Je suis comme figé, je ne sais pas quoi dire, j’ai l’impression que je suis idiot, là, comme ça, que j’ai 15 ans, que je suis embourbé dans un mélange de timidité et de vide face à eux, eux qui étaient lumineux samedi.
Je dis “Le hasard fait bien les choses”, puisque les photos, je leur avais envoyées un peu plus tôt. C’est un peu idiot, cette phrase, elle n’est pas tout à fait à la bonne place. Le moment est comme grippé, et même les mots, ici, dans ce journal, ne savent pas quoi dire ou comment le dire. Ni poésie ni rien.
Et puis je les salue, je repars, pas loin, où je vais t’attendre, pas longtemps.