La femme m’interpelle, je suis au marché des Arceaux, je fais quelques courses, j’achète quelques fruits, de quoi dîner peut-être ; je grignote des acras, une douzaine, ils sont encore un peu chauds, croustillants, très cuits et ma grand-mère Lucette aurait dit qu’ils revenaient d’Afrique comme elle disait quand les frites avaient cette teinte grillée très foncée. Moins sombres, elles venaient d’ailleurs où le soleil frappait moins fort. De Scandinavie parfois peut-être.
La femme me montre une photo, elle a envie de me parler d’un spectacle, c’est ça regardez, je ris : je ne suis pas derviche ! Elle rit aussi, elle a envie de partager cela avec moi, qu’il faut que je le vois, ça me plaira étant donné mon style. Je porte un pantalon japonais et ce sac splendide et immense que S m’a offert et qui va si bien avec, il est si grand qu’on pourrait y cacher des histoires et en faire sortir des mots. Ce sac, il est comme moi, il était pour moi, S l’a su, j’aime mes amis pour cette manière assez juste qu’ils ont de me voir dans ces multiples qu’il y a de me voir.
Le spectacle en question est dans la rue, mais il faut venir en avance, une heure en avance elle ira, les gens se passent le mot. Je sais que je n’irai pas, je ne le lui dis pas, je la remercie.