Tu es là, chez moi, tu es toujours le même, aimable, doux, sensible, adorable, généreux, buttant sur cette langue que tu n’as pas réussi à apprivoiser. Je porte ce sweat-shirt que tu m’offres ce soir, il porte ta marque, cette épingle rose, ouverte. J’ai perdu celui que j’aimais tant, multicolore ; je rêve de croiser quelqu’un le portant et de crier “C’est à moi !”
Dans huit jours tu pars pour Barcelone, sans rien savoir de la langue, des langues plutôt, là-bas. Là-bas, c’est pas si loin, je dis que je viendrai. Nous parlons d’amour, de solitude, des animaux qu’on tue, dans ta langue et la mienne, nous avons plus de temps que prévu et c’est bien, alors une deuxième bière.
Tu es de ceux que je ne vois pas assez pour les qualifier d’amis, pourtant nous le sommes je crois, ce soir nous le sommes je crois.
Tu ne sais peut-être pas que j’aurais pu t’aimer, ou bien tu l’as vu, tout de suite. C’était loin déjà, il y a bientôt cinq ans.