Saint-Augustin. Voilà F qui me parle en descendant du tram, il se dit bouleversé. Il n’imaginait son père mortel, mais le voici atteint. Il se confie, il sort de l’hôpital, je suis la première personne qu’il connait et qu’il voit, alors faisant fi de cette distance qui souvent s’impose dans les relations professionnelles lorsqu’on se connait peu, c’est à moi qu’il dit le glioblastome de son père, ses émotions, la peur, ce qu’il cache à ses enfants, les traitements.
Porte de Bourgogne. Voilà cette femme qui revient, elle à j’ai donné 10 € autrefois tandis qu’elle pleurait, elle à qui l’on m’a dit une autre fois qu’il ne fallait rien lui donner parce qu’elle n’en avait pas besoin (“Elle est folle” était peut-être les mots, mais je ne sais plus, je me rappelle d’un manteau rouge). Elle nous demande de porter ses sacs de course à l’intérieur du tram. Ils sont remplis de nourriture, pour elle et pour un chat, trois sacs lourds et remplis. Une fois dans le tram elle continue de demander de l’aide, un euro ou cinquante centimes, une aide dont, vraisemblablement, elle n’a pas besoin. Ses sacs sont lourds et elle n’aura pas faim. Mais où est sa pauvreté ? Peut-être ailleurs. Dans la confusion de son esprit, c’est certain. Presque encore, ce soir, elle pleurait.