Bien entendu, j’ai de nombreux souvenirs de mon père. Comment pourrait-il en être autrement, étant donné que, depuis ma naissance et jusqu’à ce que je m’envole du nid à dix-huit ans, nous avons vécu côte à côte dans notre modeste demeure ? Et comme il en va de même, je suppose, pour la plupart des pères et de leurs fils, certains de ces souvenirs sont heureux, d’autres beaucoup moins agréables. Mais ceux qui me restent le plus vivants en mémoire n’appartiennent à aucune de ces catégories. Il s’agit plutôt de scènes parfaitement ordinaires de la vie de tous les jours.
Celle-ci, par exemple :
Lorsque nous vivions à Shugukawa, nous sommes allés un jour à la plage afin d’abandonner un chat.
::: Haruki Murakami ; Abandonner un chat. Souvenirs de mon père