Il y a cette date, chaque année c’est la même. La naissance de mon père en 1946. Je pourrais ne pas en parler. Faire l’impasse. Faire comme si. Laisser l’image être comme un hommage. Avec le temps ça bouge, il y a quelque chose que je ne sais pas nommer et qui flotte autour de son absence, quelque chose d’un peu fantomatique comme si les souvenirs s’étiolaient, lentement, et qu’en même temps son existence prenait une autre forme, une autre force.
Il y a cette date, chaque année c’est la même. La naissance de ce journal, 2002, chaque année c’est pareil, je me dis “continuer ?” Écrire, aussi, ça bouge. Ça n’est pas comme avant. Ça veut moins, ça sort moins. Il y aurait pourtant de quoi dire, mais ça reste là, enfoui, comme quelque chose qu’on se sait pas nommer.