Dans les cartons encore des objets, tant et tant d’objets, interminable liste sans liste — on ne note rien, on pourrait, dans un inventaire fou, écrire, empoigner les milliers de choses, compter, retranscrire ce qu’il y a dans chaque petite boîte, elle-même dans un carton. Je pourrais faire des images, comme un autre inventaire que celui du 10 juillet 2014, comme cette artiste vue à Arles. Quel était son nom ? De chez elle, elle avait tout photographié : chaque objet.
Il gardait tout.
Je crois que je veux tout voir pour me rappeler. Le retrouver, surtout celui de mon enfance effacée. Me la rappeler aussi, mon enfance, aussi. Elle est là : dans une pipe, des allumettes, des pin’s.
Aujourd’hui, ce 22 avril, je garde de ce “tout” une médaille de Lourdes au bout d’une chaine en toc qui appartenait à ma grand-mère Lucette, un vide-poche (même provenance), une pièce de 25 centimes de 1926, une pièce de 2 francs de 1943.
Je garde aussi une photographie. Elle est abimée. Il y a le visage de mon grand-père Antonio, nous sommes vraisemblablement avant ou pendant la guerre d’Espagne, il n’a donc pas 30 ans. C’est le visage de mon père. C’est frappant, émouvant. C’est un peu le mien, donc, mais d’abord celui de mon père. Je crois qu’il ne lui ressemble que sur une seule photo, je crois que c’est ce que j’ai écrit, ailleurs, dans ce livre qui attend.