Dimanche 18 juin 2023

C’est un dimanche qui n’a jamais eu lieu. Maman est là. C’est la fête des pères, aujourd’hui, et maman est là, chez moi. C’est moi qui ai choisi le restaurant, un truc à part, je voulais quelque chose qui n’a jamais eu lieu ; certes j’aurais pu me mettre aux fourneaux, faire simple, efficace, donner de mon temps, filer chez S acheter des gâteaux. C’est quoi, qui m’a retenu, exactement ?

Au bord du miroir d’eau je vous prends en photo, il y a ce bonheur d’être ensemble, il y a peut-être un peu d’amertume ; je n’aime pas ce qui n’a jamais eu lieu, je n’aime pas les rendez-vous manqués, les regards regrettés. Il y a peut-être un sourire et un “Bah, c’est comme ça” en haussant les épaules avec derrière nous toutes ces années sans ça, maman ici, qui voit chez moi, mes petits fleurs dehors et puis hier je voulais que ce soit bien, j’avais acheté trois tournesols, une boule d’hydrangea blanche, cinq pivoines, leur parfum est citronné mais ce n’est que le soir que cela me parvient, je suis en train de dîner, des œufs et du bacon, presque une absurdité, et pas une goutte l’alcool.

Toutes ces années sans ça mais avec autre chose.

Et puisque c’est un dimanche qui n’a jamais eu lieu, on en revient toujours au même, puisque c’est un dimanche qui fait attendre que je te rencontre, même si tu n’es peut-être qu’un mirage de plus au-delà de nos rires. Derrière l’écran, moi-même, je suis plus éclatant, je rebondis sans précipitation, je trouve les mots qu’il faut, le jeu de mots qui fait mouche, tu ris.