Je marche sur un sentier boueux. Des abeilles incandescentes bourdonnent dans la brume. J’ai peur de glisser avec ma lourde valise. Quelqu’un dit : « Regarde ton bras gauche. » Des flammes courent sur ma manche. Je jette la valise et me mets à retirer les lambeaux noircis, qui se détachent avec la peau.
Hérissé de flammes
Mon horizon gauche
Déjà la cendre-serpent
Rampe aux confins
Et mord…Il faut arracher, jeter la peau du rêve. Je tends ma main vers le téléphone portable près du lit. Quatre heures et demie du matin. Je lis : « La Russie bombarde l’Ukraine. » Non, ce n’est pas cela, je me suis réveillée par la mauvaise porte. Dois rebrousser chemin. Impossible, me voilà épinglée au mur dans une salle de classe. Quelqu’un dit : « Elle ne sert plus à rien.
::: Luba Jurgenson ; Quand nous nous sommes réveillés