Je n’ai probablement jamais eu autant le trac. Je t’attends. J’attends de savoir comment je saurai rendre hommage à ton art puisque tu viens pour cela. J’attends de savoir si je saurai gérer la lumière puisqu’il fait gris, terne ; il faudra compenser. J’attends de savoir comment je te regarderai, comment nous parviendrons à être deux, ici, chez moi, dans ce déploiement inédit.
Te voilà. Nous parlons un peu. Et puis vient le moment. Il faut y aller.
Tu disposes ce que je n’appellerai pas des objets. Disons des plumes, puisque c’en sont.
Et puis cela commence vraiment. Le superflu te quitte, un filet t’habille. Lentement, tu respires, attends, prends, colles, te déplaces, développes ; tes yeux deviennent un mystère muet. C’est moi qui romps le silence par mes déclenchements : jamais il ne m’est venu à l’idée de les faire taire.
Tu te fais animal, créature hybride, je t’y aide, maladroitement.
Et puis, soudain, tu es un oiseau.