Je plonge dans nos mots. Mars 2019, avril, etc. J’avais oublié nos premiers instants sur Whatsapp, quelques instants après que tu étais parti, puis le soir, puis le lendemain puis les jours d’après, puis les semaines encore, oh bien sûr je n’avais pas oublié les cerises ou les vaches mais j’avais oublié, comment dire, la teinte de notre histoire, sa lumière. J’avais oublié combien nous étions là l’un pour l’autre, loin. Combien c’était joli, vite. Joli parce que loin, c’est ça ? Dis-moi.
Il y a, dans une chanson de Clara Lucciani, ces paroles : “M’as-tu au moins aimé ?” A chaque fois que je les entends, c’est à toi que je pense.
Je plonge dans nos mots pour écrire, encore, revenir sur nous deux, compléter les vides laissés dans le manuscrit qui attend, pour lui donner une chance. Oublier les images et y mettre des mots. Je risque de m’y cogner, tant pis. Je ne cherche pas la résilience. Ce livre ce n’est pas ça et puis ce mot m’agace. Je ne guérirai pas de toi en nous sortant de nos cendres, je ne deviendrai pas plus fort ; tu restes une blessure mais je suis tellement plein d’autres choses et d’autres émotions que ce n’est pas bien grave.