Je pourrais faire comme Angot. Un livre sur le livre. Je pourrai faire comme Angot ! Un livre sur la sortie du livre. Quand ? Mmmm… Juin ? Fin mai peut-être ? J’aurais dû écrire les peines et les joies de retravailler ce texte qui sortira bientôt. J’aurais dû changer de style, faire autrement, pour raconter cela. Je ne suis jamais très sûr de savoir bien faire, de raconter le réel tel qu’il est vraiment, clairement, de manière brute, tout en allant juste en deçà de la surface. Ça ferait quelque chose comme ça : Olivier arrive à midi, on déjeune place Sainte-Colombe et puis on va chez moi, on s’y met. On s’installe sur le canapé. Parfois je fume, lui beaucoup. Ça dure des heures, huit. Huit ! C’est une sensation folle, d’écouter un autre dire mes phrases, déplacer mes phrases, par ci par là couper, refuser. Très souvent, je suis d’accord. Parfois je grimace un peu, il m’écoute, on trouve un compromis. Par moments j’ai l’impression que le livre devient le sien, c’est assez violent, idiot. L’émotion monte petit à petit, car à l’exercice tendu de la réécriture s’ajoute le fait de revivre cette histoire d’amour qui n’a, sans aucun doute, jamais porté ce nom d’amour que pour moi. Alors, quand Olivier propose que le livre se termine par beybi, je pleure.