Je regardai Paris qui se déploie comme une mer, avec, comme un phare dressé sur un piton, sur une île, au large, la tour Eiffel. Le ciel était bas, liquide, opaque. Ce paysage côtier au cœur du pays me rassure. C’est ma stabilité dans le flottement sentimental et psychique qui est le mien depuis, hélas, plusieurs années.
::: René de Ceccaty ; Aimer
Au matin je choisis le livre dans la bibliothèque. Il faut que je lise cet auteur, que le perçoive. Son nom est apparu dans les conversations avec Christian l’an dernier, avec Olivier dimanche dernier. Il faut combler, et mon appartement a justement la richesse des bibliothèques. Combien y a-t-il de livres ici ? Je n’ai pas encore eu l’audace de les compter, un jour sans doute, c’est tout moi ce genre de folie. C’est plus qu’un meublé cet appartement, c’est un livré, un biblié, quelque chose comme ça, voilà un autre mot à inventer. Alphabet, lettre C, là-haut à gauche. Je choisis le livre pour son titre, pour savoir encore et encore comment les autres avant moi – et quels autres ! – ont déjà raconté une histoire d’amour et pour savoir si j’ai ma petite place à moi dans l’éternel des mots édités. J’emporte aussi deux pots de la confiture de citron – ziste et zeste –, mon ordinateur, mon appareil photo, je pars, gare, intercités, Saintes, j’attends, voilà ma sœur. C’est l’anniversaire de maman.