Les heures trainent, tu m’attends. Ou plutôt nous nous attendons. Ma journée de travail ne nous laisse pas la place que nous voulons, je finis tard malgré toi, toi chez moi. Tu as récupéré les clefs au salon de coiffure, tu es entré chez moi seul, en te disant peut-être que tu aimais cela, avoir mes clefs, entrer ainsi, te sentir bien. Tu t’es promené un peu.
Et puis enfin je rentre, nous voilà. Trois jours plus tard, en écrivant ces lignes, je ne sais plus l’exacte chronologie. Quand m’offres-tu ce sac que tu savais que j’aimerais tant ? Tant ! Quel temps a passé lorsque, soudain, d’une phrase qui dit mal les choses, une grimace nait ; elle détruit ton visage comme une douleur ? Nous voilà au bord d’un précipice, je te retiens, bien sûr tu restes. Les distances qu’il y a entre nous sont des épreuves, peut-être aussi des preuves. Mais tout est trop loin, même la certitude.