C’est un jour d’été que l’on s’est connus, c’est un jour du même été que tu es reparti. Depuis il y avait la promesse — mais était-ce une promesse ? — de se revoir. C’était un jour d’été ; ce soir le printemps se termine. Tu es là, retrouvailles. Tu n’es plus une promesse, tu es une présence, tu es peut-être un chapitre d’un livre qui attend, je ne sais pas, lettre V. Tu es là autrement, il y a un Autre, là-bas. Je suis là autrement moi aussi.
Et puis on sort. L’agenda culturel déborde, on va au CAPC, ça inaugure une expo qu’on n’ira même pas voir, le maire est presque inaudible, Keanu Reeves est discret. Je te présente Pascuale, Marco, Clément, je saute au cou de Benjamin, Emeric me tape sur l’épaule. Au sol la moquette est blanche. On se déplace, on regarde, je suis ici et ailleurs. Et soudain, lui. Lui qui a peut-être été un tutoiement ici, je ne sais plus si, tant il était insaisissable, j’ai osé parlé de lui. Il y a quelque chose d’absolu de le voir ici, au milieu de la nef, vêtements sombres coupe ample qui laisse leur place à la peau – les épaules, le haut du torse sous l’échancrure du vêtement. Je m’avance lentement, nos sourires aux aussi prennent leur temps, je ne sais pas si je peux m’approcher. Je ne sais pas s’il est enfin seul.