Il fait soleil, vraiment, je marche vers le commissariat, procuration, premier week-end, deuxième week-end. Je suis au téléphone avec Fred, je raconte le dimanche ou encore comment, un peu plus tôt, vers la fin d’une journée d’études qui avait bien commencé, je n’ai pas réussi à exprimer clairement ce que je voulais dire, empêtré en prenant la parole parce que poussé par le besoin de dire, empêtré jusqu’au bout parce que finalement ne sachant pas comment dire sans attaquer. Tourner autour du pot, faire pschitt et se prendre les pieds dedans, boum. Et puis voilà le commissariat, je raccroche de manière un peu abrupte je crois, je montre, je monte, hop c’est plié. L’inconfort de la situation de l’après-midi me poursuit jusqu’au soir, comme souvent lorsque, ayant voulu exprimé une idée, je me suis heurté au bordel qui est dans ma tête. Jusqu’au soir tandis que je suis seul, jusqu’au soir tandis qu’enfin j’écris ces mots après avoir vidé le lave-vaisselle et écrasé deux ou trois mites. Écrire ! Je crois qu’il y a, dans ce journal, la recherche d’une expression solide, il y a un endroit où je sais dire. J’ai le temps de peser mes mots, mes chutes. Mais pas celles où je tombe.