Cher toi,
Le froid, déjà. Comme si le livre de Maurice Pons, qui m’accompagne encore et qui a plongé Siméon dans les saisons de gel, avait glissé sur nos ciels. Je suis pourtant sorti la nuit tombée, oh ce n’est qu’un froid relatif ; on a oublié, c’est tout. Déjà on craint l’hiver pourtant.
Les résidus des Jeux Olympiques sont encore sur les berges de la Garonne, tables de ping-pong – ce serait bien qu’elles y restent -, arches, pistes. Dans la nuit, on les devine. Les immenses bandes de couleurs qui jalonnent le sol donnaient des airs joyeux, lorsqu’elles ont été peintes, à ces immensités nues et minérales sur lesquelles je ne vais plus si souvent, sans doute pas assez souvent, mais je suis un peu las de toujours faire ce parcours. Où aller sinon ? Il faudra que je te raconte le tour qu’on faisait tous les deux chaque soir avec Christian lorsqu’on visait à Kyoto, quoi qu’il a dû arriver que je le laisse y aller seul sous la pluie.
Je n’étais pas seul sur les quais, il y avait des promeneurs, des coureurs, l’un d’entre eux torse nu, corps dessiné d’une statue. Il y avait un groupe de photographes qui attendaient la photo parfaite le long du miroir d’eau. Ah et deux hockeyeurs qui grignotaient le silence des quais lorsque je me suis arrêté pour écrire le brouillon de ce texte. J’avais coupé la musique qui presque m’abrutissait, la chanson disait alors”Why me ? Why you ?”, chanson pas écoutée depuis 15 ans peut-être : F.E.E.L.I.N.G.C.A.L.L.E.D.L.O.V.E, de Pulp. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais je me réconcilie avec les musiques de mes 20 ans depuis quelques jours.