Cher toi,
Comme toi je suis allé marcher cet après-midi. Il faisait beau. Il y avait les gens qui s’ennuient dans les laveries, un mec qui pissait le long de l’église Sainte-Croix, une femme amoureuse souriant à son téléphone, un vieux monsieur avec son petit chien blanc dans sa solitude des jours, que ce soit dimanche ou pas, le dos courbé. Je suis allé jusqu’au nouveau pont Simone-Veil, 45 minutes de marche, un peu plus au retour, détour. Quelle distance donnerait ton podomètre pour que nous riions, chamailleurs ?
Au matin j’avais terminé le Maurice Pons, j’aime lire le matin ; rare habitude. Puis j’étais allé aux Capus. Sur le chemin du retour, il y avait dans les vitrines de cette galerie, des photos splendides. L’une, surtout, un homme, un cheval. J’aimerais tant exposer, là, je leur ai écrit. Pas de réponse, mais c’est dimanche…
Je ne savais pas quoi faire de ma solitude absurde, je ne voulais pas un autre que toi. J’ai essayé de travailler pour le libérer, hier aussi, mais rien, tout n’est que confusion, presque tout, bousculades dans mon esprit, étau. Il y a parfois des moments de paix intérieure, je ne sais pas exactement comment ils s’imposent, ou pourquoi c’est tout le reste qui s’impose, trop. T’écrire, quand le soir me dit d’aller me coucher, c’est autre chose, une oasis. Écrire n’est que douceur, écrire en général, il faudrait que cela s’impose. Même chercher les mots, ceux qui se cachent, même cela c’est doux, peut-être parce que mon esprit n’est qu’à cet endroit, dans l’état de l’écriture, et que les pensées parasites sont là pour nourrir les textes.