Je coule les jours les plus doux de mon existence. J’ai trouvé la parade ultime. Vivre aux crochets d’une octogénaire, c’est quand même le pied. J’y invite tous mes camarades chromosomiques. Ou du moins ceux qui parmi eux ont l’heur d’être gérontophiles. Bienheureux ceux pour qui la flétrissure n’est pas un frein. Liliane a 82 ans. Liliane dégouline de rides. Liliane a des trous de mémoire béants. Liliane ne se déplace qu’avec le secours d’une canne. Malgré tout, Liliane partage ma couche. Ou plutôt je partage la sienne puisque c’est moi qui suis chez elle.
::: Raphaël Quenard ; Clamser à Tataouine