Des mers inédites m’attendent, elles s’approchent, elles hésitent, c’est affolant et improbable, sur les images certaines sont bleues Caraïbes, et puis il y a la conscience qui dit “Vraiment ?”, la planète qui dit “Folie !”, la curiosité qui dit “Allez !”, le cœur qui dit “Raison !”, la vie qui dit “Fonce !”, le désir photographique qui dit “Sujet !” parce qu’il y a le mur qui borde le pays, CE mur, et que ta vie là-bas, est juste à côté, 8 minutes de voitures, HUIT et de l’autre côté c’est une autre Amérique qu’on voit au travers, un monde envié et fou. Et aussi il y a le désir littéraire qui dit “Chapitre ?”
Ce matin encore, creusant dans mes souvenirs de petit garçon, je ne me suis pas demandé si j’en rêvais, de ça, sur les bancs de l’école, de l’impossible couleur des mers lointaines et des déserts. J’en doute. Plus tard, je voulais être jardinier. Je ne sais pas d’où ça venait et puis ça s’est enfui. Ils n’allaient pas bien loin, mes rêves, je crois. Peut-être même pas jusqu’à notre océan.
A 19h50, en arrivant au bar où Patrice et Mike m’attendent et où l’on ne prête pas encore attention à la musique tiédasse et franchouillarde des années 80, assez vite je raconte ça, le probable vol direct vers Cancún parce que c’est moins cher, parce que Mexico City me fait peur et ne m’enthousiasme pas. Le mot Ailleurs me tend à nouveau les bras : je veux qu’il soit aussi fou qu’accueillant.
