Je me lève, attrape maladroitement mon sac, mon manteau, mon écharpe, ma casquette, le salue, il me sourit, me dit un « C’est parti » dont j’aime la connivence, aussi je le remercie, pas seulement parce que je remercie souvent les médecins qui me reçoivent ou m’écoutent, mais aussi parce que vraiment, merci. « C’est parti » : prescription. Il reste des incertitudes sur l’efficacité et les effets secondaires, mais je n’y pense même pas ou plutôt je pense surtout à tous les pas que j’ai faits depuis bientôt deux ans et c’est déjà tellement immense d’être là : « C’est parti« . Je l’aime bien, le Dr L, malgré son articulation parfois hasardeuse qui m’oblige à lui demander de répéter en le regardant fixement et en fronçant les sourcils. Il peut parfois m’embarrasser quand il surestime ma compréhension de ce qu’il explique — sans doute dû au QI élevé noté sur le compte-rendu de la neuropsychologue et à la pokerface que j’arbore souvent pour économiser mes forces quand mon cerveau mouline ou tente de rester concentré en pensant « concentre-toi concentre-toi Arnaud concentre-toi« . Je l’aime bien, même quand il me dit de me taire.