Tu souris. Toujours il y a un moment de travers, toi ton téléphone, moi sur ma webcam, mon corps dans le mauvais sens, alors tu tournes, dans un sens, dans un autre, et voilà, nous y sommes. Tu tricotais en m’attendant, bien sûr je n’avais pas vu ta notification, bien sûr en dix minutes depuis mon dernier message j’avais eu le temps d’oublier : M ne fait pas des miracles.
Tu souris parce que nous sommes sûrs de la troisième et dernière partie de mon voyage là-bas, la plus colorée si j’en crois ce que j’ai aperçu, la plus triste peut-être, chaque janvier a son lot de…
Tu souris parce que là-bas, là où se sont imposés trois premiers jours sans toi, il y a cet autre, ami. Il a le prénom d’un cousin, d’une chanson, d’un homme qui voulait me revoir, il sera là, il connait bien la région, il a un métier qui dit que nous pourrons parler, il a ces différences qui fait que nous saurons nous entendre sans doute. J’aime combien tu me connais déjà tant. J’aime alors rire quand tu prononces les mots qui disent ce que nous pouvons être. C’est aussi pour cela que nous existons.
Et puis je raconte par quoi peuvent être traversées les journées sans s’y attendre, comment l’Autre, avec une majuscule qui n’est pas le signe de sa grandeur, peut se recouvrir de médiocre certitude. Alors soit je m’emporte dans une fraction de temps, soit je fais silence et je m’éloigne de l’impossible. Ce matin les deux.