Lundi 3 juillet 2017

Que peut on raconter d’intéressant ou d’utile ? Ce qui nous est arrivé ou bien est arrivé à tout le monde, ou bien à nous seuls ; dans le premier cas ce n’est pas neuf et dans le second cela demeure incompréhensible. Si j’écris ce que je ressens, c’est parce qu’ainsi je diminue la fièvre de ressentir. Ce que je confesse n’a pas d’intérêt. Je fais des paysages de ce que j’éprouve.

Fernando Pessoa ; Le Livre de l’intranquillité

Je regardais accroupi les tranches, les titres, en bas à gauche, par là. Il y avait celui là, un peu plus gros. et il y avait ce nom qui évoquait les derniers jours au Japon, ce nom portugais. Il y a eu cette expression “journal intime” sur la quatrième de couverture et comme une conséquence le regret de tous ces espaces vides sur ce journal-ci, vides des mots de Pierre Michon par exemple, puisque les mots sont toujours là autour de moi, lus. Lus mais tus. Je rouvre alors ici la bouche et redéploie les jours après cette journée à marcher, marcher encore dans Paris, Paris multiple, riche, pauvre et snob, discrète et aguicheuse entre les arrière-cours où ça gazouille à peine et la place Vendôme où ça zoome à tout va. Sur la couverture du livre, Pessoa, donc ; il marche. Mais il semble que c’est l’hiver.