L’homme me demande où prendre le bus pour aller à la gare. Je lui dis qu’il vaut mieux prendre le tram, c’est par là. Parce que le bus, il faut passer à travers le campus, par là-bas, c’est compliqué. Ah, dit-il, arrêté, presque saisi d’effroi. Dans ses bras, il tient fermement un dossier du CHU, il est comme tant d’autres, croisés matin et soir, un patient. Fragile. Il dit tout de même que ce n’est pas grave, qu’il demandera à quelqu’un d’autre. J’insiste, le tram, vraiment, et je lui propose de l’accompagner, alors on avance à son rythme, lent. Pendant qu’il me parle, je cherche une solution qui le rassurera, je vérifie, il y aura le bus 11, direct, mais il faudra marcher un peu, je vais lui montrer, en suivant le trottoir c’est simple. Il me dit que c’est calme ici. Il trouve ça vraiment bien. Il me dit qu’il veut trouver une agence de voyage pour partir au Portugal. Il connaît, il a pris deux cours de portugais, il y a 30 ans… Heu non 50. Le temps file, il en a 80. Il me dit que s’il n’a pas de train il dormira où il pourra. Dans la gare. Ou dehors.