Alors, vers le Japon, je reprends la route. Une route radiophonique, photographique, littéraire, questionnant l’individu pendant le repassage, précisant les espaces durant la serpillère. Et puis, avec tout le courage nécessaire pour se regarder un peu, je relis cette conférence de novembre 2015, si loin et pourtant toujours là, en tête. Je grimace, oui, je grimace ici ou là mais j’en puise le meilleur et y creuse un virage pour aller ailleurs. Je regarde la date, ce 1er, premier d’un joli mois où j’aurai 45 ans, premier jour d’une nouvelle ère je crois, née du temps perdu, née de ce que tu es peut-être en train de m’offrir – c’est à dire une présence -, née de ce que E et J disaient, hier, sur l’être seul, seul mais avec soi. Je faisais des aller-retours entre la terrasse et la cuisine, entre leurs paroles et mes pensées, je ne disais rien.
Avant le Japon et les grimaces, il avait fait beau. Sur le chemin vers une pelouse ensoleillée, après que nous avions parlé un peu, j’avais aimé être là, avec moi marchant sur les bords de la Garonne. Je m’étais assis, j’avais regardé les gens, libre, léger. Et puis j’avais lu. Le ciel s’était couvert, j’étais rentré, sans penser que l’absence de mon appareil photo depuis un mois était peut-être une source de légèreté. J’avais ôté, dans ce quotidien, un kilo et 50mm de regard sur le monde.