Nous dansons. Sur les images que je filme, nos quatre corps bougent, puis l’on en revient, encore, aux chansons, à ce qu’elle expriment, lorsque E dit les paroles que moi seul, oui je crois que moi seul, entends. Il les dit, distinctement, depuis évaporées de ma mémoire, en me regardant, mais ce n’est pas à moi qu’elles s’adressent.
A qui s’adressaient celles que, plus tôt, préparant le dîner en m’égosillant, un verre de vin d’une main, une cuiller en bois dans l’autre, je décryptais enfin ? La voix y dit qu’il n’y a rien à faire, sauf voler la lune, mais que nothing made you want me better. Elles ne s’adressent à personne : je n’ai pas cherché à décrocher la lune, et quant à savoir si tu aurais pu mieux me vouloir, là n’est pas la question. C’est peut-être moi, qui aurait dû mieux te vouloir.
Mais ce ne sont que des mots accrochés à la futilité d’une chanson et à la rhétorique plaisante et biaisée du journal. Ce n’est donc rien. Rien car il y aussi le garçon qui parle de cette jambe, absente depuis toujours, mais oh combien présente.