Vendredi 14 février 2020

Alors, après, lorsque la nuit s’est définitivement établie, je rouvre le livre. Il n’avait pas réussi à trouver sa place auprès de moi lorsque je l’avais entamé, il y a trois mois ; sans doute lui fallait-il du temps. Ce soir je leur ai donné du temps, au livre, au protagoniste, à sa mère restée dans le ghetto de Varsovie.
Sans doute mon esprit savait-il que cette histoire ne méritait pas d’être picorée par petits groupes de pages, qu’il fallait cela, puisque ceux dont on parle avait souffert du temps qui traîne, qu’on leur devait bien cela, de leur en consacrer, d’être là avec eux, peut-être une heure, je ne sais pas, la nuit était installée et moi aussi, calé ainsi, l’oreiller, la couette, la chaleur de la chambre, l’appréciable solitude revenue, malgré le regard porté sur la date et le sentiment qu’elle s’installe, la solitude.