Tu t’inquiètes de me savoir face à un simple mur, tu ne sais pas encore pour le soleil qui quelques heures chaque jour me réchauffe, tu ne sais pas encore que j’ai travaillé sur ce livre qui profitera peut-être de la situation, oh certes le mur mais non, tout va bien. Il y a eu, dans les pages lues, tous les entassés indésirables, dont notre grand-père, sur les plages hivernales et dans les camps de février 1939, puis mars, et puis des mois encore. Il y a eu à la radio les deux cas de virus dans la bande de Gaza et la femme tunisienne. Il y a eu les femmes – routière, infirmière -, qui pleurent sur Facebook parce qu’elles n’en peuvent plus. Il y a eu les colères et encore et encore. Les peurs. Les épuisements. Les morts.
Il y a toi. Parce qu’encore tu travailles, pas de masque, pas de répit. Parce que tout cela est insensé. Parce que les gens, cette masse indistincte qu’on appelle ainsi, les gens, qui ne comprennent pas, qui n’agissent pas, qui oublient, qui continuent. Et même ta maison est un piège.