Jeudi 26 mars 2020

Nous pourrions ainsi pleurer d’être seuls. Chanter, et au deuxième couplet, ne plus pouvoir. Pleurer d’aimer ou de ne pas aimer, pleurer d’avoir aimé, jusqu’au bout mettre ces verbes à tous les temps. Nous pourrions rire d’avoir été, puisque rire de se rappeler les souvenirs d’enfance, le couloir de l’appartement était un fleuve et nous jouions ainsi, emportés sans flots, avec ici ou là des carreaux bruns, îles sans vagues. Peut-être avais-je six ans, admettons que oui, et nous revoilà, ce soir il y a une chanson parmi d’autres, celle que je veux évoquer était réapparue récemment au détour d’une radio, c’est Nazaré Perreira qui chantait, c’était presque hier, nous virevoltions de la terre jusqu’au ciel.
Je chercherais alors, une chanson en entraînant une autre, celle que j’avais apprise pour toi, Niu, et que j’avais fini par savoir chanter dans ta langue. Il y était question, m’avais-tu dit, d’une petite robe, je crois. Je remonte nos échanges, et sur le chemin vers ma voix, je retrouve la tienne. Alors tu me parles, parfois. Tu me dis ce qu’on ce dit à l’autre quand on l’attend, quand il a oublié quelque chose, quand on marche. Peut-être que parfois il se faisait tard, comme là déjà il fait bien nuit. Et ce soir je me rappelle, ou peut-être je comprends vraiment, ce que nous avons été.