J’attends 11h43 pour envoyer à S la lettre terminée vers 3h du matin, exutoire qui me fait dire que, si c’est avec Z que j’ai cette relation, peut-être la plus saine aujourd’hui, peut-être la plus légère, peut-être la plus honnête, c’est parce que je lui avais écrit, pour exprimer ce qu’il y avait à exprimer, en un bilan et un espoir ; un tableau excel accompagnait le fichier word en un trait d’humour nécessaire et séducteur. Écrire, c’est hurler sans bruit, dit Duras. C’est aussi comme vomir et pleurer : il faut que ça sorte, et il ne faut pas avoir honte que ça sorte.
A 11h25, tu m’avais envoyé une image, riant. Tu cherchais sûrement à faire signe sans savoir comment, et curieusement ma réponse ne rit pas (c’était pourtant drôle) mais entame un échange au milieu duquel je t’envoie cette phrase d’Audiberti qui me poursuit et qui en un PS clôt la lettre : “Les lettres d’amour, c’est à soi qu’on les écrit, pour les lire en les écrivant. Quand les lettres d’amour parviennent, l’oiseau est mort, quatorze couteaux à fromage de banalités dans le poitrail.”
Tu réponds “Wow” et sous tes conseils, je file à la librairie acheter Le Choc amoureux, dont je lis les premières pages sur la coursive avant d’aller voir S, dernière étape éteignant l’éruption volcanique. Je sais que bientôt nous rirons de tout cela.