Jeudi 11 mars 2021

Je ne me souviens pas de notre première rencontre. De temps en temps nous nous sommes croisés, allant voir ici ou là ce que l’un et l’autre accrochait, proposait… Je pourrais dire qu’entre nous il y a O, cet ami en commun, mais en écrivant cela je glisse une distance qui n’a plus lieu d’être. Entre nous il y a du respect, que je crois fort. Entre nous, aujourd’hui, il y a cette table qui ne respecte pas tout à fait les règles de distanciation physique parait-il nécessaires.

Aujourd’hui, il m’apporte l’Italie. Il l’a arpenté, c’est devenu un livre, un livre qu’il m’offre après qu’on a déjeuné, après qu’on a parlé de nos vies et de nos projets, après qu’il a appris combien de fois le sud de ce pays m’avait accueilli, après que je lui ai demandé s’il avait des références d’artistes qui maniaient la photographie et l’écriture en osant ajouter rieur qu’il y a “Hervé Guibert, Sophie Calle et moi.” “Ah, à propos de Sophie Calle“, dit-il alors, et voilà il me le tend, il me l’offre. Il est dédicacé. Il y a des images. Celle de la page 17 me subjugue dans son équilibre de la lumière et sa construction. Puis du texte. Je trouve alors ma question précédente un peu bête : il y a lui. Il y a lui dans cette fluidité qu’il a de raconter les voyages, moi je ne sais pas. Comment ai-je su raconter mes voyages ? Qu’ai-je bien pu faire des paysages ? Qu’ai-je gâché de l’Italie. Ô que c’était autrefois.

Alors le soir je lis, il m’accompagne encore, le déjeuner se prolonge, ainsi et je l’en remercie.