Dimanche 14 mars 2021

J’ai mis 6 verres, j’ai préparé 6 serviettes, mais nous ne sommes que 5. J’ai donc à ma droite une chaise vide après que nous nous sommes tous installés, puisque je me suis assis au bout de la table. Qui est donc cet absent ? Qui ai-je inclus ? Me suis-je cru être deux ? Oh non, je ne t’ai pas imaginé t’entraîner avec moi, bien que tu sois apparu en une allusion appuyée, quelques phrases décrivant une situation dont le matin j’avais compris m’être totalement défait. Pour de bon ? Libéré de toi, presque aussi rapidement et facilement que les nuages avaient balayés l’averse de grêle qui m’avait inquiété plus tôt, je suis d’une légèreté qui a eu peu d’égal ces derniers temps, légèreté née de cette improvisation, née de leur présence, née d’une pizza que tout le monde aime, née de ce dont je suis témoin avec cette nouvelle vie pour ma nièce qui, pétillante et optimiste, me transmet sa joie d’être là. Dans nos vies réduites, elle m’apporte un air frais, des éclats de rire et sa jeunesse. Elle m’apporte l’impatience de ce qui l’attend demain. Elle m’apporte la joliesse des regards échangés avec son amoureux. Elle m’apporte aussi ce qui fait famille, et ce rôle que j’ai, là, d’être oncle. J’aime cela. J’aime l’idée, dans ce rôle imposé né du hasard de nos naissances, qu’elle soit là et je sois là.
Alors je leur offre une image. Ils puisent dans ces cadres qui attendent preneurs, ils choisissent la plus légère, cette jeune femme dans sa jupes à fleurs marchant dans les rues de Kyoto un jour de l’été 2011. Ils emportent alors avec eux un morceau rose et lumineux de ma joie de l’époque dans une ville qui un jour deviendrait la mienne. Ici, voici la leur.