Aller, matin : homme probablement soûl, vaguement endormi, penché, oui très penché à se demander comment il tient assis, cheveux gras. Lorsqu’il se réveille il roule une cigarette, difficilement c’est-à-dire lentement. A sa gauche, collée contre la vitre, une femme. Nous n’échangeons pas de regard avec elle, ils en diraient déjà trop.
Retour : femme qui répète en boucle après être montée à l’arrêt du CHU, le téléphone collé à l’oreille, regardant fixement vers l’avant du tram, ses échanges avec sa mère, hospitalisée. Elle dit les pleurs, etc. J’essaye de lire mais je ne peux : sa voix est claire et forte, son articulation précise. Ce qu’elle dit est à la fois triste, insupportable et terriblement banal puisque tout ça emporte tout le monde un jour ou l’autre.
Les deux moments, aller et retour, se rejoignent dans ce qu’ils ont de quotidien et d’inévitable. Je ne sais comment à la fois m’en détacher et compatir.