Mercredi 1er septembre 2021

Sur les images faites vers midi, elle sourit beaucoup, d’un sourire plein de toutes ses joyeuses dents, et je ne vois pas, sur le moment, le nœud doré qui orne sa jupe. Son haut est noir, le tout est beau, élégant, discret, et nous avons rapidement trouvé un lieu pour le portrait. Ce n’est que demain qu’elle me dira qu’elle n’aime pas son visage. La lumière y est douce, plus tard je retoucherai sa peau, mais d’abord sa collègue, tout juste arrivée, pose elle aussi. Elle esquisse un sourire, c’est simple et lumineux.

Et puis voilà le soir. Tu ne souris pas tout à fait. Les semaines ont passé.

J’aimerais trouver les mots ici, et devant toi aussi, être juste. Je te regarde. Ta chevelure me rappelle celle que j’avais sur cette photographie où j’ai trois ans à peine.

J’ose te demander. Il y a quelque chose, dans notre amitié, ou dans ma compassion, ou ailleurs peut-être, qui a besoin d’en savoir un peu plus sur ce basculement de ta vie, sur ces minutes et puis ces heures, afin d’être un peu plus au bon endroit, témoin distant, bras entourant. Tu racontes.

Tu parles, à un moment, du pouvoir des images, celles où il apparait, maintenant qu’il n’est plus là. Ici, dans ce journal, je ne sais comment dire ce moment avec toi : à quel autre moment de ma vie m’a-t-on parlé de la mort d’un être aimé ? … d’un être qui était là, et qui soudain…

Il y a cet exemple. Mais je n’en sais rien. Je ne sais qu’une chose : le nombre d’années qui ont suivi.