Et chez Pariès ça me reprend devant les gâteaux basques individuels, ce sentiment qu’il m’est impossible d’en acheter : j’ai envie d’en manger un mais en même temps pas envie. Je bloque en pensant à mon père qui aimait ça. Il y a là, c’est évident, une forme de culpabilité d’être “bon vivant”, formule intéressante et décorticable à souhaits.
Mais – heureusement ! – ça ne le fait pas avec les chocolats – dont pourtant il raffolait – ni, je crois, du moins pas aussi fortement, avec quoi que ce soit d’autre – Combien de fois maman a dit “Il est gourmand comme une vieille chatte.” -, ce qui me permet de continuer à manger et à boire, voire même, comme vous pouvez le constater, de plaisanter légèrement.
Lui rends-je ainsi hommage ? C’est bien mon intention, car je repense à Desproges, qui riait de tout et même de sa propre mort, et dont mon père raffolait, même si mon père préférait – nous n’en avons jamais parlé mais j’en suis persuadé – l’absurde Desprogien et surtout l’incontournable Minute Nécessaire de Monsieur Cyclopède à l’humour noir, car à ma connaissance mon père n’a jamais ri de la mort de qui que ce soit et encore moins de la sienne. J’ai appris récemment qu’il détestait les scènes violentes dans les films, mais le rapport entre mon père et le cinéma étant très très très distendu – sa dernière référence cinématographique étant Blow Up, que ma mère a donc dû subir à l’époque et qu’il faudrait que je revoie – j’ignorais ce détail qui n’en est probablement pas un.
En tout cas, je pense vraiment que je ne serais pas tout à fait la même personne si je n’avais pas regardé, à l’âge de 8 ans, La Minute Nécessaire de Monsieur Cyclopède avec mon père. Étonnant, non ?