Je suis là, 18 chemin V. Je ne pouvais pas être ailleurs. J’avais dit, il y a quelques jours, que je pouvais être seul ce soir de réveillon, seul avec un film ou peut-être deux, le genre de film qui détermine la raison d’être du cinéma, qui vous enveloppe et vous habite. Seul et bien, à peu près bien, bien comme on peut l’être dans ces cas-là, à regarder l’année passée, à creuser un peu perdu dans les souvenirs pour y revoir quelques sourires, pour se rappeler qu’on a pleuré de trop aimer. Mais non, je suis là, je ne pouvais pas être ailleurs.
Dans l’après-midi, nous avons longuement marché, c’était bien, simple, un peu long dira-t-elle, et dans cette promenade on a puisé la joliesse de ce qu’est être ensemble. Il faisait bien trop chaud, et j’ai arpenté des chemins étonnamment nouveaux, le petit Poucet y avait semé des souvenirs, ceux de maman, un peu des miens comme chez Ferret, parce que c’est là que Nicole habitait. Je n’y étais jamais venu.
A 23h56, dans mon lit d’1m20, au bout d’une page de pas grand chose dans le carnet noir – deuxième tome -, j’écris sur le 26 novembre, et ces moments dans la chambre d’hôpital, que je pourrais appeler des apnées sensorielles – mais l’expression ne convient pas vraiment -, durant lesquels je n’ai pas su quoi dire ni faire, et que j’ai oubliés.
Et puis l’année s’arrête.