Lundi 11 juillet 2022

Montreuil, métro Croix-de-Chavaux. C’était il y a presque vingt ans, l’été 2002, nous nous installions ici, à quelques rues. J’arrivais enfin à Paris. J’allais aimer cette ville et désaimer celui qui, dans ce journal, était appelé Fabio, d’abord dans le petit appartement de la rue Molière, puis dans les hauteurs du Clos des Français, sixième étage aux fenêtres donnant sur le ciel et une ou deux tours et, si l’on regarde vers le bas un douze février 2004, son dos courbé de tristesse après que je l’avais quitté à deux jours d’une Saint Valentin dont je n’aurais pas pu affronter le symbole et les mensonges à fournir.

Montreuil, métro Croix-de-Chavaux, bien sûr je me rappelle où est la rue Kléber ; c’est là que tu habites. Dans ce journal, parfois, je t’ai appelé Z. Je découvre ce lieu qui est aujourd’hui le tien, calme et blanc, un peu loin de ton énergie et de tes couleurs. C’est pourtant bien toi, c’est pourtant bien chez toi, on s’y sent bien, j’y retrouve ta cuisine, celle dont les épices savent vous titiller avec malice, comme toi. Ton balcon surplombe un parking, si je me retourne il y a un voisin, là, qui brasse je ne sais quel mobilier de jardin, une présence. Je te regarde et t’écoute, tu es un peu un autre que celui que j’ai connu et aimé, tu te construis dans cette ville immense où tu puises des espoirs de vie à deux dans des relations fugaces mais sincères, où tu t’épanouis d’un travail fait pour toi. Tu es bel et bien un autre, puisque autour de toi c’est différent : les jours n’ont pas les tensions d’autrefois. A cette sérénité, alors, je ne peux répondre que par la mienne. Peut-être me trouves-tu autre ?