Lundi 1er août 2022

A travers les vitres sales, c’est telle une brume factice qui masque l’horizon. Tout de même le ciel est gris de nuages qui bien vite seront derrière. Le train m’emmène vers Arles, je ne sais pas ce qu’il emporte avec moi en dehors d’une valise un peu trop lourde, et deux petits sacs. Je ne sais s’il laisse derrière moi le travail et le manque d’énergie pour écrire et photographier mon quotidien. Ce journal est comme épuisé de tout.

A 9h19, je commande un double expresso servi par un jeune vendeur poussant son chariot, au charme froissé par un beau tatouage en recouvrant un autre, tâche qui laisse en-dessous d’elle quelques souvenirs, peut-être. Je n’ose pas lui demander de le prendre en photo. Je ne sais pas si un jour j’oserai demander aux inconnus – à supposer qu’il le soit encore à partir du moment où nous échangeons quelques politesses – de les photographier.

C’est le seul horaire précis que je note, c’est le peu que je note.  Quelque part j’écris aussi sur les paysages jaunis ou brûlés. Surtout je lis, peut-être rien de plus.

Arles, enfin. Le ciel vous brûlerait la peau, un taxi m’emmène rue Noguier, où je retrouve la maison étroite et sombre des années précédentes. Il y a ce petit plaisir d’avoir mes habitudes, ici aussi. Cette fois j’y suis sans E, sans B. Je ne sais pas si j’ai laissé derrière moi cette solitude qui va et vient.

Elle ne sera, finalement, que bien relative et de bien courte durée. Sur l’application jaune, quelques mots ; tu travailles à la librairie. Plus tard, j’y achète alors ce carnet, tu es à la caisse, il y a encore quelques mots entre nous et ton accent du cru.

Et plus tard nous voilà, je te parle bien sûr de ce que j’ai vu, déjà plusieurs expositions, et puis quoi ? Un peu je nous imagine.