Perdu dans les jours, j’aurais presque oublié l’AG de l’asso, me précipite et puis c’est bien ainsi puisqu’il est là, en face de moi, en bermuda et polo, bermuda camel et polo vert amande, beau le gars, beau discrètement, tendance voisin de pallier qu’on croise parfois, qu’on n’ose pas aborder, lunettes fines, 35 ans peut-être 40, j’ai envie de le décrire, j’aimerais savoir le décrire, il regarde surtout dehors, je sens qu’il sait que je le regarde, et puis voilà, j’y viens, tatoué, les bras les jambes, mais de beaux dessins, différents mais tous beaux le peu que j’ai osé regarder, une tête d’animal surtout, là, sur la cuisse. Et puis des oiseaux. Envie de toucher des yeux au moins, longuement, une pieuvre, une mouche qui apparaît quand il se lève pour descendre à Mériadeck et l’on voudrait qu’il reste et puisque quoi d’autre encore ?
Plus tard tu es beau aussi, plus jeune, moins discrètement peut-être, et tu me dis “c’est quoi ça ?” Alors je prends l’objet, le bâton recouvert de feutrine, tape un coup, et le frotte. Le son s’amplifie. J’avais je n’avais réussi cela autant, c’est magique, ça part, le son gonfle et s’envole, remplir l’espace, les mots me manquent, chut, nos silences, je suis ému, c’est beau, si beau, ça chante. “Comment s’est possible ?” dis-tu.