Nous sommes ici pour la troisième fois, ensemble. C’est mon tour. Alors je lis. Je suis les indications de Sophie et je lis. Je marche aussi, oui je marche, je m’arrête et je lis. A une ou deux reprise, j’oublie de m’arrêter. Elle me reprend, j’écoute, je reprends. Puis elle me dire de m’asseoir. Je m’assieds. La lecture prend une autre forme, assis : “Lis à M“, elle me dit, alors je lis à M. Ça c’est plus difficile : soudain il y l’autre en face. Sophie ne sait pas je ne regarde pas les gens dans les yeux quand je leur parle, du moins rarement. Je peux rarement. Je fuis les regards, c’est automatique. Défaut d’éternel myope ? D’ancien timide ? De cœur d’artichaut pour qui les regards sont trop intimes ?
Bref, je lis. Et c’est exaltant.
C’est un plaisir immense, nouveau, qui m’imprègne. Les indications de Sophie sont un panache à suivre, des accoudoirs, une main sur l’épaule, un mélange de tout cela.
Et c’est exaltant, vraiment, pendant et même après, dans les secondes qui suivent, quand le souffle se pose.
Je ne sais pas si je suis un bon lecteur, pas si vite sans doute, mais j’aime ça.