Tu sors fumer une cigarette, je te suis. Tu me souris peut-être plus que de raison depuis que je suis arrivé, tu n’es pas seul ici, vous semblez vous aimer. Tu me demandes si je vis à Bordeaux, tu ne m’as jamais vu ici. Nous ne savons pas encore que sommes déjà amis sur un réseau social ; tu t’y caches derrière un pseudonyme un peu obscur et derrière tes bras, ce soir sous un masque brillant de passementerie kitsch et une barbe pailletée bleue. La mienne l’est peut-être un peu. Nous parlons peu, de ce qu’on fait dans la vie, du dernier film que j’ai vu, de cette foule joyeuse qui devient mon habitude ; je te surprends, à qui t’attendais-tu ? Tu me surprends, ta voix aussi. L’instant est bref, le temps de cette cigarette. Nous ne savons pas qu’il nous regarde.